Elizabeth P.

Ne préfère pas le sang à l’eau

Viviane Hamy

17,00
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25 février 2018

Je suis complètement époustouflée par l’écriture de Céline Lapertot. 31 ans et une telle maturité, une telle maîtrise !
Dans un pays imaginaire, une énorme citerne d’eau attire des habitants de pays voisins en proie à la sécheresse.
Mais voilà, un jour, la citerne explose.
De nombreux morts dont la petite Karole qui vénérait la citerne. Et surtout, la défiance voire la haine des habitants pour tous ces migrants, les « nez-verts », maintenant que l’eau pourrait venir à manquer ici aussi.
D’autant qu’un dictateur a été nommé à la tête du pays.
Plusieurs voix racontent cette histoire, dont celle de T.qui exprime sa révolte contre le pouvoir par des mots et des tags, celle de Karole, morte d’avoir atteint son Eldorado, celle de Jagu……
De nombreux personnages pour comprendre les réactions en temps de crise.
C’est comme une fable, proche, si proche des réalités de notre monde.
L’immigration, la politique, la société, les travers de chacun, les combats de certains…. Tout est dit, tout est écrit.
Comme un cri de colère, de révolte, les mots de l’auteur nous accrochent, nous prennent à partie et nous entraînent.
C’est fort et c’est puissant.

12,00
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25 février 2018

Le narrateur est un jeune-homme sans repères.
Il est effondré, socialement et affectivement.
En état de crise, il marche au-dessus du vide, comme un funambule. Tous ses points d’ancrage disparaissent et il glisse doucement vers le néant.
Il y a lui, et il y a les autres, « dehors », sans points de rencontre.

L’analyse de cette descente vers le vide est très subtile.
L’écriture est belle.
Mais quelle désespérance, quelle solitude, pointent entre les lignes et laissent le lecteur dans un profond malaise.
A ne pas lire en période de déprime.

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22 février 2018

Une ville en bord de mer avec des quartiers industriels plus ou moins désertés.
Du 8 au 14 juillet, 7 jours de la vie de Sandra.
Elle tient le vestiaire du Méphisto, une boîte plutôt minable tenue par Samuel. Elle semble soumise, sous l'emprise de Samuel
« T'es dispo ?» ainsi commencent presque toutes leurs conversations.
Et elle est toujours dispo.
Avant elle était mariée avec Rodolphe, un ami de Samuel. Ils avaient une petite fille, Marie.
Son comportement nous échappe complètement et nous intrigue fortement.
Et peu à peu, au fil du récit, monte une ambiance de polard noir, une ambiance pesante et poisseuse.
Les personnalités s'éclairent et s'assombrissent sans cesse tout au long des pages.
Ah ! L'auteur mène bien son intrigue !
Avec une écriture cinématographique, très visuelle, des scènes que se succèdent, des dialogues au ton familier.
Jonglant entre passé et présent, on arrive à cette date anniversaire du 14 juillet et à un dénouement qu'on n'avait pas vu venir.
J'ai refermé le livre comme si j'éteignais la télé après avoir vu un film, imprégnée de toutes ces images.
« Rien à voir avec l'amour » C'est la première réponse qu'on pourrait donner à ces amours là (Sandra et Rodolphe. Sandra et Samuel)
Une abnégation, une dévotion, une dévastation, une tragédie……

Éditions de l'Observatoire

18,00
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19 février 2018

Comme un petit air de Bojangles

220 pages de pur bonheur.
Et pourtant, les deux sujets principaux traités sont dramatiques : la mise au placard dans une entreprise, et la mort d’un conjoint.
Mais quelle écriture ! Quel ton !
Adrien rencontre Louise, ils s’aiment, se marient. Mais quelques années plus tard, lors d’une restructuration de son entreprise, il se trouve relégué au fin fond d’un couloir, sans ordinateur, sans téléphone…..
Au même moment, Louise tombe malade, cancer du poumon.
Il décide alors de ne plus aller à son bureau inutile et de consacrer tout son temps à l’amour de sa vie.
Louise est un personnage exceptionnel. Fantasque, inventive, bizarre, créatrice, folle, légère, à l’imaginaire débordant…..
Elle nous entraîne à la suite d’Adrien, dans une vie loufoque et joyeuse, pleine de poésie et de chimères, malgré les métastases, malgré la mort imminente.
Le désespoir est tenu en silence par l’humour et par l’amour.
Elle joue avec les mots, nomme les objets, les fait vivre.
Une aventure folle, et douce, et belle même si on sait qu’elle sera vouée à l’inéluctable.
Dans cette folie douce initiée par Louise, on retrouve un peu la même ambiance que dans « En attendant Bojangles »
On sourit, on rit, autant qu’on a envie de pleurer.
C’est toujours un immense bonheur de découvrir un premier roman de cette qualité.
L’écriture d’Odile d’Oultremont est tout simplement superbe.
Elle a réussi à faire passer tout ce qu’elle voulait faire passer, avec un immense talent.
Quel bonheur de tomber sur un livre de cette intensité.

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16 février 2018

Eva Silbert a disparu
Quatre parties dédiées à quatre personnages pour tenter d’élucider ce mystère
Frank, son patron qui abusa beaucoup d’elle, il faut bien le dire, et se sent responsable de cette disparition
Marie-Claude, sa collègue et amie qui s’interroge et se remet en question
Paul, son amant, un homme étrange, hors norme
Eva elle-même
Elle semble paumée cette Eva. Passive dans ses relations, trop impliquée dans son boulot, un peu portée sur la bouteille….
Une étrange histoire pour une étrange fille
Une angoisse et un mal-être planent tout au long de la lecture
Selon les personnages, leur vision d’Eva est différente
Mystère ? rêve ? réalité sordide ? folie ?
Elle nous fait passer par tous les stades cette Eva, et laisse pas mal de zones d’ombre.
Emmanuelle Lambert, d’une écriture originale et soignée, nous entraîne dans toutes ses dérives et la rend fascinante.