Mirontaine sta leggendo

http://lemondedemirontaine.hautetfort.com/

Professeure des écoles par correspondance et lectrice passionnée autant en littérature de jeunesse qu’en littérature générale.

10,20
24 février 2012

Une construction romanesque très singulière: quatre chapitres pour quatre portraits d'enfants, remontant la ligne d'un arbre généalogique, des membres d'une même famille l'année de leurs six ans. Quatre enfants se racontent, de fils en pères ou de filles en mères, et nous décrivent leur entourage.

Deux petits garçons (Sol 2004 et Randall 1982)et deux petites filles(Sadie 1962 et Kristina 1944) qui de drame en drame, vont nous faire traverser à rebours 60 ans d'histoire familiale et mondiale.

Suivant le fil d'un naevus qui se transmet de génération en génération, le récit nous conduit en Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale, où Kristina, l'arrière grand-mère de Sol, nous délivre la clé de voûte, le lourd secret de famille.

J'ai très vite été absorbée par ce roman polyphonique même si parfois la maturité de Solomon me perturbait du haut de ses six ans.

"En les écoutant je repense à cette idée de théâtre et me demande si au fond les gens ne passent pas leur temps à jouer des rôles, non seulement lors des mariages mais tout au long de leur existence" Sadie

Christian Bobin

Fata Morgana

24 février 2012

« Une tête qui porte plus de peine qu’une vie peut en supporter. »

Une première image: l'autoportrait de Gilles Dattas. Un dessin réalisé dans les toilettes d'un musée par l'homme désabusé.

Ce visage est partout dans la rue, dans le métro. C'est le visage de l'homme qui vient de perdre son travail, de la femme trahie...

"Ce visage est le nôtre quand nous saisit le diable de la lassitude et que notre vie s'en va comme de l'eau, comme du sable, comme rien."

La deuxième image: celle que nous ne verrons pas , celle d'un bouquet de pivoines flamboyantes d'une vie écrasée.
Bobin rassemble les fleurs et les mots pour célébrer la vie et l'art. L'humain devient fantôme, il double le réel et console de la mort.

Tel est l'éclat du solitaire.

Fata Morgana, 2011.

7,20
24 février 2012

Jenna sort du coma. Etrangement, elle se rappelle de nombreux souvenirs de sa petite enfance malgré son amnésie. Pour quelles raisons ses parents sont venus se réfugier à l'Ouest des Etats-Unis? Pourquoi sa grand-mère Lily la fuit? Pourquoi ses parents ont-ils filmé ses anniversaires jusqu'à l'âge de 17 ans? Jenna semble bien plus que les vidéos d'enfance qu'on l'oblige à regarder. Le roman progresse de réponse en question. Nous vivons avec l’héroïne, à ses côtés, à la première personne, l’élucidation du mystère.

Jenna est prisonnière de sa propre vie. Ce roman d'anticiption oscille entre thriller et réflexions philosophiques. L'aspect dystopique et SF de ce roman n'ont pas ma faveur en terme de lecture; néanmoins j'ai su apprécier les thèmes soulevés avec brio par l'auteur: l'identité, les limites de la technologie, de la bioéthique et du désir de vie éternelle.

Mary E. Pearson dresse avec finesse un très bon roman d'anticipation qui ouvre la voie à la réflexion sur la vie et ses valeurs.

"N'est-ce pas ce qui fait la vie? Des morceaux. Des lambeaux. Des moments. Suis-je moins parce que j'en possède moins? Ou ceux que je possède sont-ils les plus importants?"

26 août 2011

Roman à deux voix, celle d'Isabelle, maman divorcée de deux enfants Adrien et Romane. Elle vit mal, plutôt du tempérament réservé, neutre et ne sachant pas trop affirmer ses réelles volontés. Puis Romane, sa fille, prend la parole. On découvre une jeune fille fougueuse au tempérament de feu. Deux femmes , l'une aussi froide que la glace et l'autre aussi vive qu'une flemme.

C'est l'histoire d'un été particulier dans la vie d'une femme, celui où on laisse pour la première fois ses enfants à l'autre conjoint. Isabelle va apprendre au cours de ce mois singulier à se découvrir notamment grâce à l'arrivée de So What, personnage si mystérieux.

Murielle Magellan a une très belle plume, elle utilise beaucoup de métaphores où le roman prend tout son sens.

J'aime beaucoup les romans d'apprentissage et la manière de décrire les changements de personnalité chez Isabelle m'ont charmée. Ce roman se joue aussi de la fiction comme une mise en abyme d'un secret de femme, de mère.

« Toutes les vies permettent de défaillir si toutefois on sait les regarder à la bonne hauteur. Il y a dans chaque journée, dans chaque rencontre, des raisons de défaillir. Il faut juste en prendre la mesure. Le risque. Regarder la peau. Le souffle. L'impermanence de celui qui nous fait face. Alors oui, on est au bord de défaillir. »

roman

Stock

20,00
6 juillet 2011

À la fin des années 1970, Sami, un jeune garçon, disparaît au centre de la campagne algéroise. Pour ne jamais l’oublier, Alya, son amie d’enfance, écrit chaque jour son histoire, leur histoire, réinventant le passé, fixant le présent, temps de l’attente et de l'imagination.

« C’est arrivé dans l’attente d’un amour qui ne reviendrait pas. C’est arrivé dans l’espoir de devenir une personne qui trouverait sa place dans le monde. C’est arrivé tous les soirs, quand je regardais le soleil tomber derrière les plaines de la Mitidja. Chaque fois je me disais qu’il emportait une part de moi-même. Tout tourne, tout s’efface et tout recommence et je ne sais pas si l’on retrouve un jour ce que l’on a perdu ».

Sauvage est le récit de cette année-là . Dans Sauvage, son 13ème roman paru aux éditions Stock, Nina Bouraoui nous raconte les liens parfois indéfectibles entre elle et le personnage principal, joliment nommée Alya.

Il est question d'amour, d'un amour ambigü voilé sous un désir masqué entre Alya et Sami. Alya, la jeune fille sauvage, nous livre ses questionnements, une recherche omniprésente d'elle-même, sa quête spirituelle. La nature est voluptueuse dans ce roman notamment lors de la visite de la grotte. Expérience unique pour Sami qui rappelle à Alya la possibilité de mourir après avoir vu ce don de la nature.

J'admire cette soif d'absolu chez cette jeune femme qui s'éveille à l'écriture, sous couvert de recherches métaphysiques à cet âge « sauvage » de tous les possibles.

Les phrases de Nina Bouraoui sont comme des vagues violentes , elles brassent des idées sombres pour honorer un merveilleux retour aux sources.

Livre lu grâce à la Librairie Dialogues de Brest dans le cadre de Lectures croisées.